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Les tribulations d'une moufette...
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12 juin 2008

Visiter Cuba !

            Ahahahaha !!! Je vous ai pris par surprise, vous croyiez que j'avais oublié, et bien pas du tout ! Je peux maintenant vous dévoiler les grandes étapes d'une visite presque complète de l'île. Préparez-vous, il y a des kilomètres, de la beauté, de la splendeur et de la beauté encore. Tac en revient, toujours aussi émerveillé (et pourtant, c'était professionnel cette fois-ci).

Pinar            Tout d'abord, la partie occidentale de l'île : on y accède depuis La Havane par une route tout à fait bonne (c'est suffisamment rare pour le souligner) ; vous y êtes seul, vraiment seul, traversant des paysages magnifiques, champs et rizières parsemés de palmiers royaux (typiques de Cuba, au tronc très haut, très droit et blanc).

            Pinar del Rio est une toute petite ville, esseulée et peu prisée des touristes car étape sur la route de Viñales : pourtant, c'est un lieu extrêmement intéressant pour comprendre la vie cubaine. A la fin de l'après-midi, les gens se promènent dans les rues, sorte de paseo local, et s'assoient sous les colonnades qui bordent tous les maisons. Celles-ci sont de couleur pastel, le plus souvent, ou grises et la galerie en est le lieu de vie par excellent comme partout à Cuba ;Pinar_2 dans la rue principale, les magasins sont vides. Au détour, une visite à la bibliothèque révèle des aspects plus profond du régime castriste : accent sur l'éducation et la lecture, une des livres nombreux donc, mais soumis à la censure et au blocus ; ainsi, les livres datent au plus tard des années 1960. Des bibliothécaires tout à fait aimables nous ont expliqué que les livres sont donnés par des Cubains ou des pays frères, mais sont triés d'abord à La Havane. Ne percent donc que la vulgate autorisée... Beaucoup de romans classiques français, en espagnol ou en français d'ailleurs, mais aussi une section consacrée à l'"Union soviétique". Mouahahahahahaha !!! En tout cas, la qualité du français parlé par de nombreuses personnes dans les rues prouve le dynasmime de l'Alliance française locale. Une petite ville qui ne paye pas de mine, mais où l'on apprendra beaucoup sur Cuba...

            A une heure de route de Pinar del Rio se situe Viñales, petit village connu pour ses cigares et ses mogotes, de superbes formations géologiques identiques aux pains de sucre de Guilin en Chine ou de la baie de Rio de Janeiro : ces collines escarpées, surmontées d'un végétation luxuriante,Fresque ponctuent le splendide paysage. J'avoue être restée bouche bée, quelque chose d'originel se dégageant de ce panorama hors du temps. Quelques fermes aux toits de feuilles parfois, quelques routes discrètes contournant les champs de tabacs... La visite du lieu vaut la peine, pour la production des cigares (j'en avais déjà parlé), les fruits tropicaux vendus au bord des routes, les mogotes ou des moments plus drôles comme la fresque préhistorique commandée par Fidel Castro et peinte sur l'aplomb rocheux d'un mogote. Drôle, notamment parce que les couleurs sont vraiment laides, qu'on y voit des humains et des escargots... En revanche, vous croiserez un peu de touristes ici : les cars font l'aller-retour dans la journée à partir de la Havane, et certains étrangers passent quelques jours dans les chambres d'hôtes du village qui se multiplient. Bon, en même temps, on n'est pas non plus à Angkor ou au Louvre...

Vinales_2

            Intéressons-nous maintenant à la partie orientale de l'île, très allongée donc des kilomètres et des kilomètres sur des routes au moins cahoteuses, au plus cahotiques (hahahahaha !!!). Les paysages sont partout magnifiques, successions de champs et de vergers, régions montagneuses où les vallées sont ponctuées de superbes palmiers, peu de zones urbaines et industrielles, habitat rural ponctuel... De plus, les routes sont dans un tel état (et l'autoroute n'est pas la mieux lotie !) qu'il faut s'octroyer des pauses : autant en profiter pour admirer la beauté des panoramas !

Paysage

M_morial

            La côte nord recèle quelques beautés dans de petits villages, mais elle est grand-chose puisqu'elle est surtout marquée par les resorts balnéaires de Varadero notamment (grands hôtels, tourisme de masse),Che celles des cayos et de Guardalavaca (plus retirés, parfois très sélects).
            Santa Clara donne une image assez fidèle des villes de l'intérieur : plane, toute en angles droits, aux rues pleines de monde en journée, avec quelques petits musées (l'Etat castriste est un régime muséificateur : le nombre de musées sur tout et n'importe quoi au km² est hallucinant), mais on vient surtout à Santa Clara pour sa Plaza de la Revolucion et son Mausolée du Che. C'est en effet ici que les restes (retrouvés miraculeusement trente ans après sa mort dans la jungle bolivienne... ahem...) du Che sont révérés, dans une sorte de grotte reproduisant l'endroit où Il est tombé. Une statue gigantesque, des hauts-parleurs les chants guévaristes, et un musée rassemblant quelques reliques (le fameux béret)... Un détour qui permet de comprendre à quel point la magie de l'image opère encore ; et dans ce genre de lieu vous ne trouverez, outre les écoliers cubains, que quelques touristes...Cienfuegos Français, toujours français les touristes qui visitent ce genre d'endroit...

            Au centre de l'île, Cienfuegos est une étape intéressante : ville prospère au XIXème siècle, ses rues et son centre colonial de Pueblo Nuevo en ont gardé la trace. Ici, les bâtiments sont en meringue pastel, un petit écrin pour touristes, mais dès que vous quittez le quartier central, des bâtiments plus décrépis mais plus intimes s'offrent à votre regard. Enfin, la Punta Gorda, péninsule qui prolonge la ville, est extrêmement intéressante et magnifique : s'y lovent nombre d'anciennes demeures aristocratiques, reconverties parfois en hôtels ou en clubs. C'est le cas notamment du Palacio del Valle dont l'architecture et la décoration allient styles néo-mudejar et néo-gothique. Et quand c'est néo-néo, cela ne peut qu''être très olé-olé...

Cienfuegos_2  Punta_Gorda

Trinidad_3Trinidad_2

           Une des trois perles cubaines (dans mon classement personnel) est Trinidad : le joyau colonial, lové entre ses montagnes sèches et à quelques jets de pierre seulement de la mer des Caraïbes. Il fait d'ailleurs plus chaud ici, et l'atmosphère devient plus nonchalante. Cette toute petite ville endormie est constituée d'un ensemble architectural magnifique et extrêmement soigné de palais et églises du XVIIIème siècle. Classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO, Trinidad fascine car on y admire, au détour d'une rue, lors d'une tranquille promenade, d'anciens couvents, l'intérieur des maisons coloniales devenues musées ou les ruines de l'Iglesia Nuestra Señora de la Candelaria qui domine la ville. Un petit bijou...

Trinidad  Trinidad_4

            On retrouve cet esprit à la fois colonial et nonchalant à Sancti Spiritu, où l'on comprend qu'une des visites récurrentes d'un séjour à Cuba est celle de maisons coloniales devenues musées comme le Palacio del Valle-Iznaga (Museo de Arte Colonial). Les ressemblances entre toutes ces maisons sont évidentes, les imposants (voire lourds) meubles en bois, les pièces de porcelaine ou de verre importées d'Europe... Parfois, quelques-unes ressortent pour leur extrême bon goût ou leur fantastique mauvais goût ! Cela vaut le coup d'en visiter quelques-unes, notamment dans les endroits plus reculés.Camag_ey_2

            Toujours au centre de l'île mais plus au sud, Camagüey offre un spectacle urbain encore différent : un lacis de petites rues, pavées parfois, et bordées de grandes fenêtres et portes grillées surmontées de décorations Art Déco. Camagüey est la ville natale d'un des grands poètes cubains, Nicolas Guillén,  et les tons pastels des maisons comme la succession de petites places et d'églises confèrent une sérénité à la ville toute entière, ce dédale de maisons coloniales décrépies prenant des aspects mystérieux au crépuscule...

Camag_ey_3     Camag_ey

Santiago_5            A l'extrémité sud de l'île, Santiago de Cuba est la seconde perle de Cuba : la Perle des Caraïbes sur son écrin escarpé. Y sont venus nombre d'immigrants caribéens, et la population locale reste très métissée. L'ambiance est nettement différente ici : grand port, l'interlope y croise le mondain, les milieux se mélangent, la séduction fait rage...
            La ville s'organise autour du Parque Céspedes, une superbe place ombragée où s'asseoient les habitants pour bavarder. Elle est entourée de l'imposante cathédrale rose et crème, du très étonnant hôtel Casa Granda blanc, de l'hôtel de ville néo-classique bleu et blanc, et surtout de la superbe Casa de Diego Velazquez en bois foncé. Sans doute la plus belle maison coloniale que j'ai visitée en Amérique latine, c'est dire :Santiago_4 une architecture étonnante avec une succession de pièces aux niveaux décalés, un premier étage formé autour d'un patio de bois foncé et des sortes de moucharabiehs, des meubles et des objets plus anciens que dans les autres demeures (XVIème et XVIIème siècles) : un endroit sublime donc, à visiter absolument ! Cette place est aussi une occasion unique pour voir et comprendre la vie locale, un centro recreativo propose des activités aux habitants à l'angle de la rue (des échecs, notamment), la galerie du "Casa Granda" permet de siroter un cocktail (décevant) tout en regardant les Cubains bavarder, séduire ou rire ; le même établissement possède une terrasse d'où la vue sur les toits de tuiles de la ville est superbe.
            Dans les autres quartiers, Santiago offre un dédale de rues décrépies, mais qui gardent les traces de son prestige passé et un charme certain : anciennes villas, parfois rénovées, un très intéressant marché local également. Les quartiers les pus vétustes sont situés en contrebas du Parque Cespédes, et plus en amont, notamment autour de la Plaza de los Dolores, les bâtiments sont restaurés et abritent les musées de la ville.


Santiago_2  Santiago Santiago_3

Santiago_6            Les quartiers extérieurs égrènent des lieux prépondérants de l'histoire cubaine : la fameuse caserne de la Moncada, tout de jaune peinte, où Fidel Castro lança son premier assaut par exemple.Santiago_11 On peut encore y voir les orifices causés par les balles tirées alors mais... ils ont été reformés après que Batista les eût faits combler !!! Ce quartier a un visage solennel, avec le Parque Abel Santamaria et son cube de granit surélevé, puis la Plaza de la Revolucion et son immense statue d'Antonio Maceo à cheval au milieu d'une forêt de pieux métalliques. Vous aboutissez ensuite au cimetière de Santa Ifigenia où reposent nombre de héros de l'histoire cubaine (José Marti, carlos Manuel de Déspedes...). Cet endroit vaut surtout le détour pour la relève de la garde du mausolée de Marti... un grand moment de solennité...

            A quelques kilomètres de Santiago se situent deux endroits qui valent le détour pour leur intérêt paysager et culturel. El Morro tout d'abord est un fort  espagnol dominant la baie de Santiago ; de là-haut, on peut admirer le panorama de la ville, son port se détachant sur les montagnes de la Sierra Maestra et la côté caraïbe. Santiago_10A une trentaine de kilomètres se trouve le sanctuaire de la Vierge du Cuivre, El Cobre. Ici se seraient produits plusieurs miracles dus à la Vierge, souvent révérée de manière syncrétique avec la déesse Ochun dans la santeria, religion animiste locale. L'architecture de l'église n'est pas magnifique, c'est plutôt le cadre qui est superbe : un édifice à bulbes rouges se dressant dans un écrin de verdure au sommet d'une colline. A l'intérieur, le plus émouvant se trouve dans une des chapelles situées à l'arrière du choeur : Santiago_11on y trouve entre autres suppliques celles adressées à la Vierge par les familles des réfugiés politiques aux Etats-Unis ou des prisonniers politiques à Cuba, priant pour la paix dans leur île et le retour des leurs. Le pouvoir laisse ici s'exprimer des revendications et des critiques nulle part ailleurs autorisées ; et ce, non par respect pour la religion catholique, qui importe peu aux castristes, mais parce qu'un exutoire aux mécontents est toujours nécessaire. Très émouvant, réellement...

Santiago_9   Santiago_8

La_Havane           Enfin, voici la troisième perle de Cuba, sans doute la plus magnifique et représentative de l'île : La Havane. Cette ville n'est pas facile à décrire, c'est une ambiance, une sensation. Bien sûr, de nombreux endroits incontournables justifient de se promener à pied dans tous les quartiers de la ville : des musées plus ou moins bien tenus, des expositions d'artistes connus et inconnus (j'ai ainsi découvert les toiles dérangeantes et saisissantes du peintre équatorien Guayasamin, notamment un sublime portrait de Fidel Castro ; malheureusement, le musée consacré à Wilfredo Lam était en rénovation).
            C'est par le quartier de La Habana Vieja qu'il vaut mieux commencer : rues pavées, immeubles restaurés, la superbe Plaza de Armas, l'église et le couvent de San Francisco de Asis et l'étonnante façade de la cathédrale. Tout au long des rues de ce quartier s'égrènent d'anciens palais, d'anciennes maisons aristocratiques, souvent à l'abandon.La_Havane_3 Mais la rénovation est en marche (comme la révolution... !) : les bâtiments sont restaurés, peints en couleurs pastel... C'est donc le seul endroit où vous croiserez beaucoup de touristes ; mais tous les efforts sont faits par le gouvernement pour qu'il n'y ait pas de gentryfication. Ainsi, le centre touristique est habité par des Cubains implantés dans le quartier depuis des décennies. Malgré tout, on ne peut empêcher une ville touristique de changer de visage, et l'on regrette déjà ce qui va sans doute se passer prochainement : la muséification du centre... Enfin, il ne faut surtout pas hésiter à pousser la promenade au-delà de la Plaza Vieja et derrière le port pour se perdre dans des rues moins pimpantes et plus poussérieuses : c'est ici que vous verrez La Havane d'il y a quelques années, avec ses quelques marchés.


La_Havane_5            La quartier autour du Parque Central et du Parque de la Fraternidad est tout autre, mais aussi passionnant : la ville est ici en pleine représentation, c'est une succession de bâtiments pompeux parfois mais toujours magnifiques, officiels ou culturels comme le sublimissime Grand TeatroLa_Havane_2 ; ils manifestent la période faste de Cuba dans la première moitié du XXème siècle. La promenade du Prado, ombragée, permet d'admirer les façades décrépies des maisons à colonnades et à superbes encadrements de fenêtres qui bordent la rue. Les arcades sont omniprésentes et confèrent un aspect majestueux à la ville.

            Enfin, les quartiers plus excentrés du Vedado, de Miramar et de Cubanacan sont plus résidentiels et l'on parvient en les traversant à imaginer ce que devait être la ville et sa population aux moments des fastes pré-révolutionnaires : grandes villas, avenues majestueuses et calmes bordées d'arbres... La sortie de La Havane pour prendre l'autoroute (qui n'est jamais indiquée et qui ressemble à tout sauf à une autoroute !) permet notamment d'admirer diverses ambassades : comme celle de la France, avec son bâtiment néo-vénitien, ou encore l'imposant édifice soviétique de l'ancienne ambassade d'URSS que la Russie a conservé...

            Trois perles majeures dans cette île de Cuba, mais aussi nombre de petites villes et de villages qui recèlent des trésors de beauté, constituant autant de petites joyaux !

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