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Les tribulations d'une moufette...
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11 novembre 2008

"Arthur & George" de Julian Barnes, ou définir l'anglicité...

Arthur_et_George              Le poids du nom d'un auteur que l'on apprécie a des conséquences étonnantes : j'ai acheté ce roman, Arthur & George, sur la seule foi que je prête au talent de Julian Barnes (ici ou ici). Car je fuis d'habitude toute forme s'approchant de près ou de loin de la biographie, de l'autobiographie, de l'autofiction, du récit personnel ou du documentaire. Et je me retrouve là avec DEUX biographies pour le prix d'une !!! Mais deux biographies croisées. Romancées. Et écrites par Barnes...  La perfide Albion m'a eue.

             Face à face, deux personnages au tournant du XXème siècle anglais, sir Arthur Conan Doyle et George Edalji, jeune avoué d'origine parsie vivant dans la région de Birmingham. Et l'histoire d'une erreur judiciaire qui électrise le créateur de Sherlock Holmes et le pousser à clamer l'innocence du jeune homme, condamné aux travaux forcés, puis libéré sans avoir été pour autant innocenté. Je ne vous en dis pas plus (ce qui est rare alors il faut fêter ça !), ce serait dévoiler par trop l'intrigue et le dénouement.

              ...

             Il n'empêche que je ne peux me retenir, d'autant que l'intérêt de ce roman réside à la fois dans l'opposition de ces deux vies, de ces deux hommes que tout oppose : passion et grandiloquence d'un côté, raison et discrétion de l'autre, avec pourtant cette soif de vérité qui les guide tous deux ; et dans portrait réaliste mais à petites touches que l'auteur dresse de l'Angleterre des années 1900. Se côtoient les garçons de ferme et le "tour" d'Europe de la noblesse anglaise, la vie rurale et les honneurs de la Cour, les chemins de fer et la plongée dans cette chose étrange qu'a été le spiritisme, avec son influence étonnante sur les hautes sphères de la société européenne depuis le milieu du XIXème siècle (souvenez-vous de Victor Hugo...).

            Le talent de Barnes dans ce livre est distinct de celui déployé dans les précédents opus que j'ai lus : auparavant peintre du détail dans ses nouvelles et ses romans courts, il se laisse ici gagner par l'ampleur du propos, approfondit les description par un procédé introspectif bien plus réussi que celui d'une véritable introspection (voir mon goût pour l'autobiographie...) car il donne une profondeur politique, sociale et culturelle aux événements auxquels sont confrontés George puis Arthur. Le portrait de l'Angleterre qu'il dresse par ce biais est celui d'une société figée mais mouvante, unie mais cosmopolite : et c'est finalement la définition même de l'anglicité qui surgit, cette capacité étonnante de fédérer, de donner un sentiment d'appartenance et de valeurs communesdans toute cette société polymorphe et multiculturelle, tout en laissant en parallèle sourdre l'idée que cette société est la plus homogène, cohérente et surtout imperméable qui soit... Etonnante Albion.

             Dans Arthur & George, Julian Barnes parvient donc à donner la couleur de la fiction à cette histoire vraie et à dresser un portrait sans fard de cette Angleterre connue et méconnue à la fois.

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Commentaires
C
@ George Sand et moi : merci beaucoup ! Et si tu le lis, tu me diras s'il t'a plu ! Il y a peut-être quelques longueurs pqrfois, mais cela contribue aussi à donner cette atmosphère britannique.
C
@ Manu : effectivement, il est un peu fou et en même temps, telllllement "british" !
G
belle critique !! j'ai bien envie de me laisser tenter !
E
Ca à l'air très intéressant. Sachant que Conan Doyle était un grand excentrique légèrement brindezingue, il fait déjà personnage de roman à part entière !!
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