Où je vois "On connaît la chanson".
J'ai mis le temps (ce film d'Alain Resnais est sorti en 1997). Et en plus, il a fallu que j'aille caracoler dans les ruelles de Churchgate pour trouver le bâtiment bien caché de l'Alliance française de Bombay.
J'avoue y être allée par obligation : un client de Tac, francophile, nous y a invité (moi, aller à l'Alliance française ??? Où l'on m'a clairement fait comprendre que mes diplômes et passions et projets et compétences ne seraient rémunérées que 4€ de l'heure, alors que j'étais prête, comme d'habitude à donner tout mon temps, toute mon énergie pour pas un kopeck pour faire rayonner (mouahahahah) la culture française (re-mouahahahaha) ???). En plus, un film qui ne m'inspirait pas du tout, va savoir pourquoi. J'adore chanter et écouter chanter, j'adore les comédies musicales surannées (Bollywood, toujours rien à faire, je m'y attelle) et j'adore encore plus le cinéma. Mais je n'aime pas les films français. Ou si peu.
Minute de mauvaise foi : y a-t-il eu un mois sans un scénario se passant dans un appartement parisien avec des acteurs sempiternellement sur les écrans mimant des problèmes de couple ? Hein ? Bon. Fin de la minute. Tu vois dans quel état d'esprit j'étais, surtout quand j'ai vu... que cela concernait des appartements parisiens avec des acteurs vus et revus et rerevus évoquant des problèmes de couples, mouahahahahahah !!!
Et bien, tiens-toi bien : j'ai plutôt apprécié. Pas les chansons : toutes utilisées à mauvais escient, deux phrases musicales au maximum coupées n'importe comment, et dont l'insertion dans le film est à chaque fois un prétexte. On atteint le comble quand Birkin interprète Birkin sans aucun "jeu" supplémentaire ou différent : pourquoi ne pas avoir fait chanter réellement les acteurs, avec tout ce que cela suppose d'interprétation, d'adaptation et d'innovation ? Mystère.
Le reste en revanche est agréable, parfois délicieux. Bien sûr, on prend André Dussolier dans ses bras, on met des baffes à Jean-Pierre Bacri et on trépigne devant Sabine Azéma. Lambert Wilson ? Un poco too much. Quant à Agnès Jaoui... Je ne peux vous cacher mon trouble (enfin si, je pourrais, mais je ne le fais pas) : elle tombe progressivement, insidieusement, dans la dépression post-thèse, post-implication intellectuelle forcenée, car elle a passé des années à tenter de comprendre des choses et à les mettre sur papier sans que cela intéresse plus de dix personnes dans le monde. Et cela lui tenait à coeur, tellement... Et que faire avec toutes ces études, cette passion ? Rien, bien sûr, rien que de vent. C'est ce que lui renvoient la société, la réalité et son entourage. Pfiou... j'ai ouvert les yeux sur ces deux dernières années, d'un coup... surtout quand je l'ai vue s'effondrer, comme ça, pour rien, au milieu d'une soirée. Cela m'a rappelé bien des choses. Tac aussi.
C'est toujours pareil : emmenez-moi voir un film censé être drôle, et je m'implique toujours à contre-courant (du genre Le Placard, très drôle paraît-il : qu'est-ce que j'ai eu mal au coeur durant tout le film, à voir François Pignon écarté, méprisé ! J'avais une seule envie : l'aider, en essuyant quelques larmes !).