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Les tribulations d'une moufette...
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10 mai 2009

Remplissage.

Martine

             Tout dépend de ton humeur et de la quantité. Mais quand tu es prof, il y a un moment de grosse marade quasi assurée : la correction du paragraphe rédigé du Brevet blanc ou du Brevet d'histoire-géographie. Très vite, tu t'habitues à sauter directement au remplissage, que tu décèles à la minute même où tes yeux se posent sur la copie. Voire même en touchant la copie, tout simplement. "Hmmmm, remplissage...". Certains élèves y sont abonnés, certains en sont friands, d'autres considèrent même qu'il s'agit de l'apogée de leur capacité rédactionnelle : "mais môdôme, ch'comprends pô ma note, ché vachement écrit longtemps et beaucoup !".

             Toi, tu te marres. Et encore plus quand le remplissage est grandiose comme celui que j'ai lu hier soir, quand le Mini-Wombat (celui dans sa phase Brevet) m'a montré sa copie du Brevet blanc précédent. Un des paragraphes portait, pour mes yeux habitués, en grosses lettres fluorescentes à paillettes "En toute franchise, je n'ai rien appris de cette leçon ; et pour être honnête, je ne savais même pas que cette leçon se trouvait dans mon cahier. Et je n'avais même pas imaginé que cette période historique existait". Ce qui, au bout du compte, donne ceci :

"Dans les années 30, la France a connu une crise économique et politique à cause du communisme, de la guerre, du fascisme et de la misère. [NDLR : en revanche, la crise de 1929, je ne vois pas du tout ce que cela vient faire là.] Enormément de personnes pauvres sont mortes à cause de la guerre et de la misère. [NDLR : ça, c'est magnifique, tu dois en convenir.] (...) Le Front populaire est monté au pouvoir d'une part grâce aux Accords Matignons du 7 juin 1936 sur les droits des employeurs et des employés, et grâce au soutien du peuple qui n'en peut plus. La France n'avait presque plus de moyens de survie à cause du fascisme, de la misère, d'Hitler, des communistes, des nazis et de certains employeurs". [Copyright Mini-Wombat n°1.]

            Mouahahaha ! Comme j'ai ri. Lui aussi d'ailleurs, en se relisant. Il a donc pioché deux-trois trucs dans les documents, deux-trois trucs dans ses connaissances, deux-trois trucs dans les informations de la veille, et youplala ! J'aime beaucoup le méli-mélo "fascisme-misère-Hitler-communisme-nazisme" auxquels s'ajoutent "certains employeurs"... Il manque juste Sarkozy, les khmers rouges et le tsunami.

             Et c'est là où vraiment tu regrettes de ne plus avoir de copies à corriger... hinhinhin...

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Commentaires
C
@ Jelaipa : finalement, je préfère une copie où l'élève tente des choses, d'assembler ses connaissances (avec plus ou moins de bonheur) plutôt qu'un cours récité par coeur sans lien réel avec le sujet, non problématisé ou non adapté au sujet.<br /> Là, c'est comme ce que tu dis : il faut faire le tri et cocher la bonne case, hihihi !
C
@ Ckankonvaou : oui, c'est ce que je lui ai dis ! En plus, une orthographe quasi irréprochable, ce qui est rare.<br /> Ce qui m'a rassurée, c'est qu'il s'est bien marré lui aussi en se relisant.
C
@ Pimousse : c'est ça que j'adore. Quand les élèves te sortent des trucs super logiques (les pauvres mourraient de misère, la guerre tue...) en étant convaincu qu'ils ont très bien expliqué les choses. C'est même jubilatoire tellement c'est beau parfois...
C
@ L'épice : héhéhéhé, moi aussi !
C
@ Ninon : oui, je comprends bien. En même temps, je crois que les élèves ont toujours été un peu comme ça (moi avec), naïfs et peu scrupuleux. La capacité à prendre conscience que l'on blablate et que l'on dit vraiment des bêtises se met en place plus tard, avec plus de maturité.
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