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Les tribulations d'une moufette...
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24 mai 2009

Conseils à un futur jeune expatrié.

[Note : le brouillon de ce billet a été rédigé il y a plus d’un mois (comme très souvent dans ma pratique scripturale). Et il est fou de voir à quel point, dans l’intervalle, ce dont je parle s’est vu confirmer, voire est devenu encore plus caricatural. A suivre…]


S’expatrier signifie un chauffeur et des cocotiers, n’est-ce pas ? C’est vrai et faux tout à la fois. Si j’ai parlé souvent sur mon autre blog de l’installation concrète à Bombay, complexe, cocasse et parfois horripilante, je n’ai pas pas encore abordé le plus important : le monde de l’entreprise qui expatrie. Voici ce que je retiens de notre expérience.

Le public sensible devrait s’abstenir…

C’est du foutage de gueule. Tac travaille dans une graaaaaaaaaaaande entreprise française, une de celles qui expatrient le plus en Inde, mais les expatriés de longue date n’y bougent pas le petit doigt pour accueillir les nouveaux. Pire : alors même que d’autres venaient de s’installer à Bombay les mois précédents ou atterrissaient le même jour que nous, que tous nous faisions face aux mêmes difficultés, aux mêmes questions, que nous avions le même besoin d’entraide et de soutien : RIEN. Même de la part des ténors rencontrés lors d’une soirée mondaine à notre arrivée, rien du tout. Aucun appel, aucune visite au bureau de Tac, même pas un coup de fil les jours suivants les attentats.

Et surtout pas de mise en relation avec les autres néo-expatriés : on nous a même répondu que ce n’était pas le rôle de cette entreprise que de créer ces liens. Je pensais pourtant qu’il aurait été de leur intérêt même de faciliter l’installation de leurs expatriés, pour que ces derniers passent moins de temps à régler des problèmes administratifs et concrets et se consacrent pleinement à leurs dossiers. Mais non. Chacun se comporte comme un cow-boy en terrain hostile, on se méfie, on cloisonne. Et puis, ce n’est pas dans l’intérêt des petits potentats locaux de voir les gens se parler, et peut-être comparer certaines choses...

 Ces autres néo-expatriés, nous les avons rencontrés par mon blog, puis par leurs relations. Ce qui a permis de créer très rapidement des liens, et d'effectivement comparer les fameux packages. Montant des loyers payés, facilités, salaires, allocations diverses et variées. Et de découvrir que les grilles n’existent pas, tout change selon le statut (logique), le manager et son influence (moins logique) et le bon vouloir des gens (cela s’appelle l’arbitraire). Et bien rapidement les informations se tarissent quand tu creuses un peu : chacun serre les fesses. On t’explique même que l’on fera de la rétention d’informations volontaire pour ne pas te choquer encore plus. Qu’une entreprise privée fonctionne comme ça ne me dérange aucunement. Que les gens fonctionnent comme cela beaucoup plus (où la Moufette découvre que les gens pensent avant tout à leur pomme, hinhinhin…).

Alors, toi qui veut t’expatrier et qui t’interroge sur les conditions auxquelles accepter ce qui reste une modification fondamentale (passionnante, mais fondamentale) de ta vie professionnelle et quotidienne, un conseil : fais-les raquer le plus possible. Aucun scrupule. Les moyens sont là, rassure-toi, et surtout ne fais confiance à personne. Contacte dès avant la signature du contrat des expatriés sur place : renseigne-toi sur les conditions de vie, vois ce que chacun a obtenu, les fameux petits avantages qui dans un pays comme l’Inde sont parfois des nécessités. Et après, fais raquer…

 Les variables possibles ? L’aide au loyer, et fais attention que l’on ait tenu compte de ton conjoint (si le PACS et le concubinage ne sont pas reconnus par la loi locale, tu restes en tant qu’expatrié du ressort de la loi française : le DRH local ne peut donc ignorer ton couple) ; la voiture et le chauffeur, le type de voiture, le salaire ET l’allocation essence (illimitée pour certains, quantifiée pour d’autres : va savoir pourquoi…) ; l’adhésion à un club ; le déménagement, les frais d’installation et les frais d’un éventuel garde-meuble en France ; les frais de scolarité des enfants ; l’aide à la réinsertion professionnelle de ton conjoint d’autant plus s’il a laissé son travail derrière lui avec un manque à gagner évident. Tout cela est négociable et doit être négocié à TON avantage, car de manière générale tu n’es qu’un pion dans le vaste plateau de jeu de ceux qui t’emploient.

Mais comme très souvent semble-t-il dans le privé en France, pays sous-syndiqué s’il en est, personne ne parle pas de tout cela, personne d’expérience ne donne de conseils sur ce que tu devrais exiger, sur ce à quoi tu devrais faire attention ; on ne se mouille pas et chacun se débrouille, fait ses armes, réussit ou se plante. Chacun pour soi et aucune entraide. Peut-être parce qu’il est plus simple de marcher sur les autres après ? Hinhinhin…

Pour ma part ? Ne m’attendant à rien, j’ai plus que ce dont j’ai jamais osé rêver. En revanche, cette incapacité à partager, cette conservation jalouse de l’expérience et des conseils, tant du point de vue de la carrière que de l’installation dans une ville aussi difficile que Bombay, me laisse très songeuse.

 

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Commentaires
C
@ Jelaipa : il y a quelque chose de ça. Pas chez tous, bien heureusement. Mais ceux qui n'en font pas partie ne sont pas des plus communicatifs. J'ai un billet tout prêt pas encore publié qui décrit une des prétendues "institutions" françaises de Bombay, on n'est pas loin de ce que tu entrevois.
J
Tu as raison; j'aurais aussi pensé que l'éloignement souderait les gens! Peut-être que cela marcherait à condition de vouloir être un clan fermé sur lui même, avec une hiérarchie implicite ( par ex le plus ancien sur place) et de surtout ne pas vouloir la ramener, ne pas avoir d'idées; se sentir inférieur à ses pairs, mais supérieurs aux natifs ?
C
@ Thècle : en espérant que de futurs jeunes expatriés le lisent.
T
Bon, ben rien de neuf sous le soleil quoi... Mais tu as le mérite de le dire haut et fort!
C
@ Baraginie : il va falloir qu'on fasse une biographie croisée, hihihi !<br /> <br /> En fait, l'installation en UK je l'ai faite aussi toute seule (wouaw, encore un point commun !!!) et bien qu'il y ait évidemment une adaptation et des difficultés comme dans tout pays étranger, s'installer en Inde c'est plus... coton.<br /> Ici, les conseils tu en as besoin même pour laver tes légumes (ce pour quoi tu ne peux utiliser ni l'eau du robinet, ni l'eau filtrée, et même l'eau purifiée n'est pas suffisante). Pour trouver des produits de base. Pour absolument tout. Rien n'est simple, et encore moins à Bombay.<br /> Et professionnellement, tu as besoin d'aide pour comprendre les horaires indiens, les rendez-vous indiens et même trouver une adresse professionnelle dans Bombay relève du parcours du combattant.<br /> Se faire des amis est difficile car peu d'Indiens parlent réellement anglais. La communauté française est donc censée y être très soudée et accueillante : et ça, c'est le plus gros mensonge que j'ai jamais entendu...<br /> <br /> Comme toi, nous sommes donc arrivés ici sans aucune aide, nous avons tout trouvé par nous-mêmes, nous adorons cette ville et ce pays ; mais on ne pourra jamais dire que c'est grâce à la communauté française locale.
Les tribulations d'une moufette...
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