Ma grande honte.
Certains te diront que leur grande honte est d'avoir perdu une chaussure dans le métro (vrai), d'autres que d'avoir oublié de mettre un pantalon tant la fatigue était grande (vrai aussi), d'autres enfin d'avoir hurlé quand Brad Pitt s'est présenté à la sortie de l'hôtel (je suis sûre que c'est vrai, quelque part, un jour).
Ma grande honte à moi a lieu aujourd'hui. Jour d'élections européennes dans mon pays, je ne vais pas pouvoir aller voter par ma propre faute. Non que je n'ai fait les démarches nécessaires, l'inscription sur la liste consulaire, la confirmation de mon inscription sur la liste électorale de mon ancienne résidence ET avoir trouvé une personne dévouée en France qui veuille bien faire le déplacement entre deux arrondissements distants pour mettre mon bulletin dans l'urne. Mais, la succession à folle vitesse de visites, de voyages et de nouvelles désagréables m'a totalement fait oublié la dernière démarche (pourtant rappelée par le consulat, pas fameux de manière générale mais ça au moins, il l'a fait) : faire valider la procuration à Bombay pour qu'elle soit envoyée ensuite en France, réceptionnée là-bas et validée. Enfin, de ce que j'ai compris. Et ça, j'ai oublié...
Pour la première fois donc depuis que j'ai le droit de vote, dix ans, je ne vais pas voter. Mes premières élections étaient européennes, j'étais fière comme un paon indien de pouvoir exprimer mon choix avec une pleine conscience du fait que la démocratie c'est choisir le moins pire plutôt que le meilleur (sinon, on ne voterait jamais je pense). Qu'en tant que femme il n'est pas si commun d'avoir le droit de voter, et de voter librement en conscience.
Alors aujourd'hui, surtout pour des élections qui tiennent à coeur à la moufette d'origine cosmopolito-allemande que je suis, de formation historienne et géographe, républicaniste plus que républicaine bien qu'actuellement la tendance anarcho-marxiste me tente, j'ai honte. Après avoir assené des cours d'éducation civique dodus à mes élèves, avoir tenté de leur inculquer cette foi dans le vote, je ne vais pas voter. C'est grave la te-hon.
Alors toi qui est actuellement près de ton bureau de vote, qui peut aller voter en ton âme et conscience, qui peut faire ce choix pour ceux qui nous dirigent, qui peut montrer aussi en votant blanc ou nul que tu es attaché à l'idée européenne sans pouvoir te reconnaître dans les listes présentées (même si les votes blancs et nuls ne sont pas comptés, ce qui me semble anormal), va voter. L'un ou l'une d'entre vous, allez voter à ma place pour qui que vous vouliez, juste pour qu'un électeur de plus se soit déplacé. Pour que j'aie un peu moins honte aujourd'hui.
Note : je sais, faire du chantage affectif, avec l'Oncle San en plus, n'est pas le meilleur argument politique. Aux grands maux les grands remèdes...
Sur mon blog en Rickshaw, je te parle de vaches, de Jean-Pierre et aussi du mariage arrangé en Inde...