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Les tribulations d'une moufette...
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21 juin 2009

"Le Ventre de Paris" d'Emile Zola : une si contemporaine opulence...

Le_Ventre_de_Paris             Etonnant de se replonger à des milliers de kilomètres de là dans les Halles naissantes de Paris. Il y a encore quelques tomes des Rougon-Macquart que je n'ai pas lus, et bizarrement Le Ventre de Paris en faisait partie...
             A travers le retour clandestin de Florent Quenu, beau-frère de Lisa Macquart, le lecteur plonge dans cette antre métallique de la nourriture, qui alimente Paris et le tout-Paris, peinture haute en couleur pleine des détails nécessaires à cette découverte réaliste d'un monde grouillant d'appétits, d'odeurs, de couleurs et de hoquets. Fromages, légumes, poissons, beurres, étals de charcuteries et de fruits, l'opulence dégouline des présentoirs, des bouches aussi pour rouler aux pieds de ceux qui n'ont rien. La fête impériale bat son plein, c'est la lutte traditionnelle des Gras contre les Maigres qui s'étale, de Carême et de Carnaval, de l'enbompoint "honnête" et bourgeois contre la maigreur maladive, rongée d'un feu de l'intérieur.
               Situé en amont dans la série des Rougon-Macquart, la fêlure originelle d'Adélaïde Fouque (La Fortune des Rougon) en est encore dans Le Ventre de Paris à ses prémisses et ne se donne à voir que discrètement : le besoin quasi maladif de confort bourgeois et de propreté nette, magnifié en la petite Pauline Quenu et dans la charcuterie de ses parents.
                Comme toujours avec les auteurs du XIXème siècle me semble-t-il, c'est en gagnant soi-même en maturité que l'on perçoit la profondeur de leur propos. L'évidente actualité de Zola, la capacité de ses analyses à traverser le temps pour trouver encore plus de pertinence dans le monde contemporain est étonnante ; l'opulence qui étouffe les faibles, la surconsommation et le gâchis, la nécessité de faire taire les Maigres car s'ils ternissent la fête, leurs plaintes rappellent de plus à quel point les inégalités sont fondées sur des hasards... Et je t'assure que cette acuité du regard zolien se ressent d'autant plus quand tu vois chaque jour l'opulence indienne tonitruante qui prend pied sur la misère du plus grand nombre. Il y a vraiment de quoi réécrire les Rougon-Macquart, ici...
             On voit aussi les commentaires, les essais et les analyses de l'oeuvre d'Emile Zola d'un autre oeil. Et je me souviens de mon professeur de khâgne nous disant qu'il s'agissait de romans de gare... Certes, le style est parfois redondant, alourdi par la volonté de trop préciser, tare du naturalisme, mais quelle capacité à créer le besoin chez le lecteur de continuer plus avant, quelle capacité d'évocation surtout ! Que tu ressens d'autant mieux quand tu n'as pas à portée de main des livarots, des pâtés de foie ou des corbeilles de guimauve...

La_vie_vue_d_un_rickshaw_petit

Sur mon blog en Rickshaw, je te parle du film Outsourced, d'une nouvelle espèce (le poisson-rickshaw...) et même de biquettes !

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Commentaires
C
@ Jelaipa : hihihi, d'accord ! J'imagine effectivement ne pas être la seule que ça intéresse !
J
Ok! et quand tu y arriveras, tu me donnera la recette; je suis preneuse!
C
@ Jelaipa : non, effectivement, j'ai beaucoup de mal à gérer l'incertitude (tu imagines pourquoi les mutations de l'EN me jettent dans une colère noire...). Il faut que j'apprenne...
J
"Pas de nouvelles": c'est le pire; l'angoisse; et surtout ne pas savoir pour ou contre quoi tu dois lutter...La seule solution: vivre au jour le jour sans se poser des questions...ce qui n'est surement pas ton truc!?
C
@ Ckankonvaou : tiens, ce que tu me dis là sur les Roujon ne m'étonne qu'à moitié...<br /> Pas facile de s'astreindre à travailler quand on a envie d'aller butiner, surtout les livres...<br /> Je ne me débrouilles pas en ce moment : j'attends, j'ai le sentiment de faire passer le temps en tournant en rond et je déteste ça (car pas de nouvelles) !!! Je trépigne...<br /> Tu pars en vacances bientôt, non ? Tu auras le temps de lire tant que tu veux ! ;)
Les tribulations d'une moufette...
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