Ceci aurait également pu s'intituler :

"Tu t'es vu

quand ton vocabulaire n'excède pas trois mots ?".

Scène ordinaire.

Personnages : la Moufette, le conducteur de scooter, sa passagère.
Lieu, moment : la rue où demeure la Moufette, milieu d'après-midi.
Retranscription : la plus authentique possible.

La Moufette sautille joyeusement jusqu'à la banque située au bout de sa rue, quand un scooter vient face à elle sur le trottoir, doublant une poussette et allant droit sur ladite Moufette sans s'arrêter. La Moufette pile, s'interroge (aller de droite ou de gauche ?) quand le conducteur lui envoie :

- Allez dégage !

- Je vous demande pardon ?
- Dégage ! Ta mère !

Tout ceci dit avec le plus grand agacement et la cigarette au bec ; la passagère quant à elle ne dit mot. Cela aurait pu s'arrêter là, comme une scène de violence verbale ordinaire. Sauf que... Sauf que la Moufette va au coin de le rue et doit repasser devant l'endroit (un loueur de scooter) où le conducteur dépose son véhicule ; sauf que la Moufette est joueuse en ce moment...

Repassant devant les deux énergumènes quelques minutes plus tard :

- Je voulais vous dire, ma mère se porte bien, merci.
- Allez, c'est ça, dégage !
- Mais monsieur, ne soyez pas si agressif.
- Dégage, connasse ! Va te faire en***** ! [Oui, les requêtes, ça va....]
- Mais monsieur, il n'y pas besoin d'être si agressif, je vous assure.

La passagère intervient :

- Qu'est-ce qu'elle a dit ? Qu'est-ce qu'elle veut ?
- Excusez-moi, mais monsieur qui tout à l'heure ne m'a pas laissée passer sur le trottoir alors que je suis piétonne, m'a dit "ta mère". Je lui ai donc dit que ma mère allait bien. Voilà tout. Il n'y a aucune raison d'être agressif.

Incompréhension de la passagère devant tant de... mots ? Le conducteur reste coi, mais je sens qu'il bout intérieurement . Toutefois, il ne m'insulte pas plus avant, ne monte pas la voix et ne passe pas aux mains (une victoire sur lui-même ? la psychothérapie a-t-elle enfin l'effet tant attendu ?) et regarde sans cesse par-dessus mon épaule. Ce calme relatif donne des ailes à la Moufette, qui se sent forte car une Moufette ailée, c'est super fort :

- Il n'y a aucune agressivité dans tout ça... pour moi, en tout cas.

Et la Moufette s'en va, heureuse d'avoir vaincu à la fois sa colère et sa peur sans devenir agressive (ce qui aurait été le cas il y a quelques mois...). Et à quelques mètres de là, derrière elle donc, elle voit deux policiers parlementant avec un passant.

Ah, c'est donc eux qu'il regardait sans cesse lorsque je parlais...

La peur de l'uniforme.

Partager cet article