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Les tribulations d'une moufette...
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26 mars 2008

"Blood Diamond" : l'Afrique redécouverte par Hollywood.

Blood_Diamond            La Sierra Leone devrait être un paradis. Mais, pendant ces quinze dernières années, ce fut loin d'être le cas. La presse française avait plutôt bien accueilli Blood Diamond d'Edward Zwick, et quand j'ai pu l'acheter à bas coût dans un pays où les droits d'auteur sont tout à fait bafoués mais où le portefeuille du spectateur y trouve son compte, je me suis dit : "pour 100 bahts (2,50 euros), pourquoi pas ?". Malgré mes réticences à l'égard des films leonardodicapriens, j'ai finalement visionné  la chose le week-end dernier.
            Le sujet est accrocheur, car participant du soudain engouement cinématographique pour l'Afrique de ces quelques dernières années. Intérêt accru car "oh, mais oui ! On pourrait écrire un nombre incalculable de scénarios (j'ai appris que scénarii n'était pas des plus corrects) avec les "tragédies africaines" !". SyrianaSauf bien sûr à propos du SIDA et du paludisme, c'est moins vendeur... D'autant qu'à part taper sur les laboratoires pharmaceutiques et les divers gouvernements, il est plus difficile de faire culpabiliser personnellement le spectateur. Il faut du lointain et de la proximité à la fois, du concret et de l'abstrait. C'est pour cette raison-même, d'ailleurs, que Syriana de Stephen Gaghan (avec George Clooney et Matt Damon) sur les magouilles pétrolières entre les Etats-Unis et certains Emirats, n'a pas eu le succès escompté auprès du public car trop complexe, trop politico-financier, trop lointain et abstrait donc.
            Hollywood se concentre donc sur des sujets plus émouvants et vendeurs : les diamants, par exemple. Sous prétexte de faire prendre conscience aux spectateurs qui dépensent quelques centaines de milliers de dollars pour une babiole en diamant que, oui, des petinenfants sont mort pour ton bracelet, et des adultinnoncents se sont fait taillader pour tes pendants d'oreille...
            Blood Diamond présente au public déjà larmoyant les trafics de diamants entre la Sierra Leone, le Liberia et la Grande-Bretagne. Leonardo Di Caprio joue le dingue du diam's, ancien mercenaire sud-africain passé par la guérilla angolaise, achetant, volant ou négociant les diamants avec les joyeux égorgeurs qui tiennent le pays sous leur botte ferrée. Cela manque d'amour, me direz-vous... C'est certain : il faut donc une jolie journaliste qui enquête là-dessus, avec persévérance et professionnalisme, et qui parvient parce qu'elle ose prendre des risques à entrer dans le coeur (c'est-à-dire le carnet de contacts) de ce bourreau de Leonardo. Pour autant, on n'apprend rien au fil des scènes et des dialogues, puisque tout le trafic est explicité au début du film : ces diamants, teintés du sang des Sierraléonais, passent clandestinement au Liberia, y sont "blanchis" puis sont expédiés à de grands argentiers de la City londonienne qui les mettent en sommeil avant de les ressortir sur le marché légal. Pas de scoop donc, juste un article au final qui fait tomber quelques têtes. Les quatre premières minutes du film sont donc les plus intéressantes, voire les seules nécessaires...
           La narration est un peu... linéaire, c'est le moins que l'on puisse dire. Les prises de vue sont belles, mais cela tient plus au lieu du tournage (Kwazulu-Natal, en Afrique du Sud) qu'à une quelconque volonté artistique ; et la prestation d'acteur est un néant aussi profond que la fosse des Mariannes : Leonardo joue ce que l'on attend de lui (beau et ténébreux) et Jennifer Connelly est jenniferconnellyesque (pugnace, concernée et tendre à la fois). Quant à Djimon Hounsoun, il campe l'Africain par excellence : pas trop folklorique (pas de grigri), mais jouant très bien au foot, pauvre et aimant ses enfants. On croise avec une régularité métronomique des villages dévastés et des corps lacérés à la machette, des enfants-soldats camés et fanatisés, des colonnes de réfugiés et une milice mercenaire sud-africaine suréquipée. Histoire de bien rappeler au spectateur inattentif que la guerre, c'est sanglant et dévastateur, et que certains n'y jouent pas un très beau rôle ; certains l'avaient peut-être oublié ?
H_tel_RwandaLord_of_war            Blood Diamond évoque donc un sujet qui va nécessairement faire pleurer dans les chaumières sous un prétexte de visée morale. En contrepoint, sur le trafic d'armes avec les pays africains, Lord of War d'Andrew Niccol a l'immense mérite de ne pas sombrer dans la sensiblerie et la compassion envers le personnage principal, pourri jusqu'à la moëlle et admirablement joué par Nicolas Cage. Quant à Hôtel Rwanda de Terry George, il assume entièrement le côté larmoyant et personnalisé, car inspiré de l'histoire réelle d'un employé du grand hôtel de Kigali au début du génocide rwandais. Les choses sont donc bien plus claires dans ces deux films et, surtout, bien plus honnêtes avec le public.

            Finalement, Blood Diamond a l'étonnant effet secondaire de vous donner l'envie de relire immédiatement Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma, chef d'oeuvre d'une lucidité et d'une pertinence rare sur les guérillas africaines, abordées sous l'angle des enfants-soldats. Aucune sensiblerie ici...

Allah_n_est_pas_oblig_

            Prochaine visionnage : Le dernier roi d'Ecosse de Kevin Macdonald, avec Forest Whitacker dans le rôle du dictateur ougandais Idi Amin Dada.

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Commentaires
C
Oh ouiiiii, la photo, la photo, la photo !!! En revanche, je ne suis évidemment pas là le week-end prochain... (Malte). Et toi, Berlin ???<br /> <br /> Et merci d'être la Pythie !
L
je suis fan : <br /> de ton style,<br /> de Jésus<br /> de Lord of War,<br /> de l'absence de robe de Rachida Dati.<br /> il faut que je t'envoie la photo de Rama Yade et de Dati en calèche, on dirait 2 terminale STG à Eurodisney.<br /> La classe.<br /> bises et à bientôt (je suis sur Paris le WE prochain de façon assez succinte, mais peut-être aura-t-on le temps de se voir?)
C
@ Ariba : j'ai hâte de lire ça ! Non pas pour contester, mais peut-être as-tu vu des choses dans ce film que je n'avais pas vues, ou bien pas voulu voir... !!!
A
Heu, ben moi, je l'ai pas mal bien aimé, ce film...<br /> En fait, je m'apprêtais à publier une critique sur mon blog, mais j'avoue que tu m'as un peu coupée dans mon élan... Cela dit, je suis bien obligée de convenir que tes arguments sont tous valables, et fort pertinents. Je vais donc être obligée de me creuser la tête pour défendre mon point de vue.<br /> Merci pour la saine émulation!!
C
@ Jelaipa : c'est la fameuse guerre des nerfs... En réalité, j'ai vu ces films il y a longtemps (sauf "Blood Diamond"), mais c'est vrai que cela fait un peu va-t-en-guerre, tout ça.<br /> Je vais tenter de parler un peu plus de "La petite maison dans la prairie". Ou comment Laura Ingalls s'est débarrassée de Nellie Oleson, mouahahahaha !!!
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