Ou comment j'ai découvert George Crumb.
Mini-Moufette passe le bac. Oui. Elle est mignonne, pleine de poils, court partout, pousse de petits cris quand elle voit un bout de fromage et ne sent pas très bon si on ne la lave pas consciencieusement tous les jours : c'est donc bien une Mini-Moufette. Par des manoeuvres intéressantes quoiqu'étonnantes, elle en est venue à prendre musique comme option lourde, spécialité si vous préférez, pour son bac L. Ce qui aurait été une bonne idée si elle y avait consacré un tant soit peu d'énergie et de "temps de cerveau" ces deux dernières années ; mais elle avait autre chose à faire, comprendre la critique que Kierkegaard fait de Kant dans son traité de sémiotique du transcendant. Elle était de plus accaparée par un autre thème primordial : élégie et épitomé chez les symbolistes belges. C'est de famille, il n'y a rien à faire...
Toujours est-il que son épreuve de musique d'hier était assez cocasse pour un regard extérieur ; et même intérieur, selon elle. Il s'agissait d'analyser une oeuvre de George Crumb, compositeur américain de musique moderne. Et la musique moderne, c'est très fou, ne l'oublions pas. Ainsi, la partition comporte des annotations du type "bruits d'ossements", "cri de détresse", "hululements", "sanglots", vous pouvez également y discerner l'intervale de trois tons nommé diabolus in musica. Et la partition qui vous est soumise se présente parfois comme ça :
Ou comme ça (remarquez le "seagull effect") :
Ou encore comme ça :
C'est trop fou, non ? Et je ne vous raconte pas pour jouer ça, le musicien s'explose le cou à lire sa partition et se démanche les bras parce qu'il doit jouer de son instrument comme d'une viole. A écouter, cela donner ceci (ici, les musiciens tiennent leur instrument de manière conventionnelle) :