Le Salon de l'Agriculture et Sarkozy : surfaits ? (Part One)
Pour accompagner la suite, rien de tel qu'une petite musique pour bien comprendre les enjeux de cette journée :
Super Pouvoir d'Achat (la chanson du dimanche s02e11)
Vidéo envoyée par lachansondudimanche
Les gens sont tout de même super fous. Voire super flous. Ou encore superflus. Je ne sais plus. Dernier exemple en date.
Le Salon de l'Agriculture a donc
commencé ce matin et j'ai eu la chance de pouvoir y assister en VIP...
Privilèges, privilèges, qui m'ont donc permis d'entrer sans faire la
queue, sans payer et d'assister dans la tribune, insigne honneur, au
discours de notre Omnichanoine. Je raconterai plus tard l'expérience
agricole en elle-même, mais penchons-nous d'abord sur ce grand moment :
l'arrivée et le discours de "He-Who-Should'nt-Have-Been-Elected"...
Les journalistes ont rapporté que la cohue autour du
Président-Pouvoir D'Achat (PPDA, hahaha !) était totale, ce qui est
très flou et laisse supposer quelque chose de faux : non, les gens s'en fichaient royalement
(sans référence aucune à Ségolène ici) ; d'aucuns disaient même : "oh
non, le voilà, allons ailleurs". Mon cher et tendre et moi-même avons
d'ailleurs tenté de fuir la procession présidentielle, après le
discours, mais peine perdue : l'Omnichanoine nous suivait, et à deux
reprises dans d'autres parties du Salon nous nous sommes vus poursuivis
dans une contre-allée où nous nous étions réfugiés tranquillement !!!
Heureusement, j'avais déjà exprimé mon refus de tout poste dans un
quelconque cabinet...
La cohue était donc, en réalité,
le fait d'une vingtaine de personnes collant au train de l'Omnicolas,
journalistes et preneurs de son pour l'essentiel, quelques membres du
personnel de sécurité (dont un bel officier de marine) et les
principaux responsables du Salon. Et point final : tout le reste du
public le fuyait ostensiblement !!! Donc cohue il n'y eut point...
Chahut il y eut, en revanche : sur l'escalier menant au second hall,
l'Omnichanoine remercie et salue les gens restés en bas, dont une
partie commence à applaudir (bande d'ovins !) et l'autre partie,
estomaquée que l'on puisse seulement penser à ovationner cet
omniprésident, se met à huer... Comment ça, vous avez des photos de moi
en train de tirer la langue ???
Le discours et les
tribunes, c'est une autre affaire : première chose, notre Chanoine
national a préféré faire un tour de piste du ring central en saluant
chaque animal et son éleveur, qui les chevaux de trait, qui les
caprins, qui les ovins, qui les bovins... Chirac parcourait le salon
dans son ensemble ; ici seulement quelques mots à chacun sans écouter,
m'a-t-il semblé, un traître mot des présentations du Président du
Salon. Il a flatté (amour des chevaux et de Carla oblige) les naseaux
d'un équidé fulminant qui se soustrayait à la caresse : pas de chance.
Après un rapide bain de foule, foule limitée il faut le dire aux
premiers rangs des gradins où nous étions (environ trois cents
personnes triées sur le volet... pas si bien triées que cela, remarquez
: j'y étais...), le discours.
Discours qui m'a ulcérée mais c'était
couru d'avance. Outre l'ouragan permanent (on démonte tout, il faut tout
remettre à plat et en cause, "avant "ils" (?) faisaient comme cela et
regardez où cela nous a conduit"), le jeu sur l'angoisse ("on ne peut
plus laisser faire", "certains se voilent la face") et l'imprécision
permanente ("on", "certains", "les autres", "avant" et le sublimissime
"vous savez, quand j'en débatais avec l'autre dame, là, lors des
élections présidentielles..."), ce fut un tissu de tautologies. Exemple
: l'agriculture ne pourra survivre qu'avec les jeunes agriculteurs.
Certes : si les agriculteurs vieillissent et qu'ils ne sont pas
remplacés, ils mourront et personne ne leur succèdera. OK, logique.
C'est vrai qu'un des problèmes est de garantir un travail à long terme
aux agriculteurs, comme dans tous les secteurs d'ailleurs. Mais c'est la manière dont l'Omnichanoine assène des évidences en faisant semblant d'être enfin le seul à faire avancer les choses, d'être original,
qui est horripilante. Et les gens... applaudissent. Pour rien. Ou
plutôt pour avoir entendu des évidences réduites et simplifiées ; et comme il le dit lui-même, c'est "[sa] vérité"...
Force de
propositions ? Oui, toujours autant : mais il ne peut s'empêcher d'être un peu à côté de la plaque... Faire classer le patrimoine gastronomique français à l'UNESCO, parce que "la gastronomie française est la meilleure au monde" ; réformer la PAC, ce que tous les politiques soulignent depuis quinze ans en disant qu'il innove grandement en cette matière mais sans laisser entrevoir de véritable piste de réforme. Et tout cela se clôt en flattant les plus bas instincts du
public, lourde insistance sur le travail et les valeurs du
travail que LUI comprend et partage... Et avec le ministère de l'identité nationale, on a "patrie", et les méphitiques relents de bondieuseries on a "famille"...
Finalement, tout ce personnage se résume en un mépris sans fin et absolu pour... tout ce qui n'est pas lui.
Mais bon, il ne fait que son boulot de Duracell sautillant d'annonce en annonce. Le plus fou se passe en fait dans les tribunes applaudissant à chaque ineptie, à chaque évidence. Et dans ces cas-là, je ne peux m'empêcher de regarder mes congénères et de me demander si nous appartenons bien à la même espèce...