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Les tribulations d'une moufette...
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14 avril 2008

Sainte-Bernarde ou la parabole de la moufette devenu chien de sauvetage.

Saint_Bernard_40001            J'ai oublié de raconter une mini-aventure de ma trépidante vie : faute que je m'empresse de corriger. Il y a dix jours, je remonte une rue en pente de mon quartier pour aller faire quelques emplettes (inutiles, les emplettes) quand je vois plus haut deux adolescents (des êtres malfaisants et maléfiques, donc) détaler comme des lapins de garenne. Futée, je me doute qu'il y a de la chaparde là-dessous, et aperçoit, qui tente de les poursuivre, un gamin pas plus haut que trois pommes (enfin, genre 12 ans plutôt), criant des choses inaudibles à la distance où j'étais. Le gamin court, et cependant, n'en pouvant mais, doit s'arrêter au milieu de la rue, pleurant, gémissant, hoquetant.
           Panoramique : autour de lui, devant lui, derrière lui, une bonne dizaine de badauds de tous âges. Totalement indifférents, et mieux encore : se retournant pour le regarder courir puis pleurer. Moi, telle un Saint-Bernard femelle (une Sainte-Bernarde donc), je cours et j'accours, l'écarte du passage des voitures et m'efforce de le calmer. Extraits (authentiques) :
- Tu t'es fait voler quelque chose ?
- Oui... snif... euheuheeuhe (hoquets)... ma PSP... euheheuheehe...
- Bon, ça n'est pas grave ; tu as fait ce que tu pouvais : je t'ai vu courir, mais ils allaient vraiment trop vite. Tu as fait le maximum.
- Mais... euhhehuehee... mes parents vont me tuer, ils m'avaient interdit de l'emmener au collège ! euhhhhh... ouinn-in-in-in...
- Ne t'inquiète pas, ça n'est que du matériel : tes parents seront bien contents de voir que tu vas bien, parce que tu aurais pu être renversé par une voiture en courant dans la rue ou ces gamins auraient pu t'agresser pour te voler, donc dis-toi que l'essentiel est que tu ailles bien, le reste n'est pas important ("je m'avance un peu" me vint à l'esprit : si ça se trouve, il va se prendre une bonne torgnole).
            Résultat : je le raccompagne devant chez lui, en prenant soin de détourner lentement la conversation (et de noter son adresse pour un futur racket, évidemment !). "Tu es en quelle classe ? Tu t'appelles comment ?" (gnark gnark gnark !). Et comme il s'avère que notre prénom est presque commun, genre Nestor et Nestorine ou Léon et Léonie, il consent un petit rire. Devant la porte de l'immeuble, je lui demande d'appeler sa mère à qui j'expose la situation tout en la rassurant (toujours enfumer, c'est la règle). Et comme je sais contrefaire la gentille moufette, je rappelle le soir-même pour prendre des nouvelles du petit Nestor. Je mettais la main sans le savoir dans un engrenage... infernal. Oui, rien que ça : à la fin de l'histoire, je me retrouve avec un élève en plus... La maman, voix dynamique et quelque peu impérative, me remercie et sans s'embarrasser de circonvolutions, m'invite au restaurant. J'essaie d'éviter la chose, la moufette est timide, de proposer plutôt un café ("on va se regarder dans le blanc des yeux, qu'est-ce qu'on va se raconter ?"), mais finit par me laisser convaincre : le restaurant thaï au coin de la rue a été l'argument choc, la moufette est désarçonnée...
            Quelques jours plus tard, je me retrouve donc à trépigner d'impatience à l'extérieur du restaurant (tandis que mes hôtes attendent à l'intérieur, évidemment). Nestor est là, très content de me voir arriver, et sa maman, directe, me remercie à nouveau. Nous échangeons trois banalités et... silence. Je tourne les pages de mon menu, élaborant le scénario-catastrophe d'une soirée déjà close sur la question de la conversation. Nous commandons et soudain... c'est parti ! "Vous connaissez la Thaïlande ?". Là, il n'en fallait pas plus : et nous nous emballons, parlons voyages (que cette famille pratique à la même dose que moi), carrière (elle a fait les mêmes études, et aujourd'hui se définit comme "princesse", car ne travaillant pas, et "anarchiste"... J'aime. Je veux aussi !), le gamin reste bouche bée en apprenant que je suis prof, le mari arrive plus tard et reste également bouche bée (non pas devant tant de splendeur, mais plutôt parce qu'il s'attendait à une petite vieille dame. J'ai encore un peu de marge en cette matière). Conclusion : une excellente soirée, où je me suis régalée d'un tartare de thon mariné au citron, piment et gros sel (un pur délice, je vous assure). Qui se solde le lendemain par un coup de fil : "Nestorine ? Nestor était très content de la soirée et voudrait savoir si vous seriez d'accord pour le suivre un peu en français (le garçon est un peu "fluctuant" en cette matière)".
            OK. Me voilà avec un nouvel élève ; ça m'apprendra... J'aurais mieux fait de ne pas céder à mes bas instincts de Saint-Bernard... Bon, heureusement, il habite à deux pas de chez moi, et le premier cours a auguré de bonnes choses : hyper dynamique, attentif, très drôle et éveillé. Manquerait plus qu'il soit totalement fou...
            Note après un second coup de fil de la mère : c'est le cas, l'enfant est fou. Il a demandé à sa mère que nous nous voyions plus souvent ! Si les enfants se mettent à aimer les cours, mais où va-t-on ???

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Commentaires
C
@ Pivoine : Cela laisse rêveuse, hein ? Je propose de créer une nouvelle filière au bac : "anarchisme princier" ou "devenir rentier et anarcho-syndicaliste" !<br /> <br /> @ Plume : c'est vrai qu'il y a une sorte de "pas en avant" que l'on fait dans ce genre de situation. Et comme tu le dis, d'autres fois moins glorieuses où l'on passe son chemin...<br /> <br /> @ Aude : merci, je t'envoie un email !<br /> <br /> @ Jelaipa : héhéhé, du rhum ? Toujours avec moi, un bon rhum agricole ! D'ailleurs, cela explique peut-être le succès des cours particuliers ? Essaye d'écrire sous l'emprise du rhum : il n'est pas dit que l'abus d'alcool soit dangereux pour l'orthographe...<br /> <br /> @ El Fenec : oui, rien n'arrêtera Supermoufette !<br /> <br /> @ David : je n'ai pas encore trouvé la devise héroïque de Supermoufette... ;-)
D
Super moufette en action ;-)
J
PS : avant de me donner des cours de chinois,tu viens me donner à moi aussi des cours de français (option orthographe-grammaire) car grand fiston vient de me corriger mon dernier billet : Aïe Aïe Aïe....ma cancritude (je préfère cela à la décrépitude !) a fait plus de dégâts que je ne pensais
E
Supermoufette a encore frappé !
J
Tu es belle (à) pardon en poil!Tu as ton tonnelet de rhum aussi ?
Les tribulations d'une moufette...
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