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Les tribulations d'une moufette...
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18 juillet 2009

Le générique de "Oz".

Oz              J'ai découvert Oz il y a sept ans avec ma colocataire de l'époque, et j'en suis encore toute retournée. Rien à voir avec Le Magicien d'Oz, bien que la référence soit évidente. Une série faite de tensions, d'angoisse, de coups et d'une absence absolue de morale et de justice. Une série qui se veut à l'image de la vie en prison, certes, mais surtout de la vie en société. Une série où, non, il n'y a pas de merveilleux monde en Technicolor qui attend de l'autre côté...

              Quoi que c'est : Oz, pour Oswald State Correctional Facility, est une prise d'Etat américaine qui contient un quartier expérimental de haute sécurité, Emerald City. Expérimental parce que son concepteur, Tim Mc Manus, tente d'y créer une interaction sociale maximale et un partage des tâches entre les délinquants les plus endurcis et d'autres détenus moins difficiles, afin de préparer la meilleure réinsertion sociale possible. Ce microcosme reproduit très rapidement les équilibres et déséquilibres de la société américaine, groupes soudés pour maintenir (ou non) un semblant de règles : les Irlandais, les Latinos, les Italiens, mais aussi les aryens, les homosexuels, les chrétiens, les musulmans et d'autres "bandes" qui tâchent d'asseoir leur pouvoir comme dans la rue. Ceux qui restent tentent de survivre au gré des alliances.

              Une série étonnante et des plus abouties. Vraiment. D'une violence et d'un réalisme inouïs, mais qui n'ont rien de gratuit : son créateur Tom Fontana travaille bien, très bien même, et veut faire réfléchir le spectateur. Comment s'intégrer dans la jungle, urbaine ou carcérale, quand la seule loi qui fonctionne est celle du plus fort ? Serions-nous celui qui plie ou celui qui fait plier ? Pourrions-nous nous autoriser un quelconque troisième choix ? Il cherche aussi à brouiller les pistes et à faire comprendre à quel point les catégories morales sont flexibles, et même pour le spectateur. Parce qu'au gré des épisodes les prisonniers mourant tour à tour, on se prend à se raccrocher à des personnages parce que l'on en a BESOIN : la tension est palpable, le spectateur halète, il FAUT un référent, il faut au moins pouvoir se rassurer en se disant que LUI il sait où il va. Bien que... où va-t-il réellement ? Aucune n'est un héros, même pas ceux qui tentent de conserver des principes ; et sûrement pas les gardiens non plus...
              Le personnage d'ouverture, le prisonnier en fauteuil roulant Augustus Hill, est une bonne métaphore de cette moralité floue qui est l'essence même de l'humanité : il semble introduire à chaque début épisode un fil conducteur expliquant le pourquoi du comment. Mais il s'avère que ce repère moral, presque affectif, est vicié dans cette lutte pour la survie. Tous peuvent flancher, ceux qui ont des principes, ceux qui n'en ont pas, ceux qui paraissent "gentils" et ceux qui paraissent "méchants". Une réflexion sur le milieu carcéral est bien évidemment à l'oeuvre dans cette série (conditions d'incarcération, peine de mort, drogue, servitudes sexuelles, meurtres...) et n'allons pas croire dans une vision angélique du monde que seules les prisons américaines sont concernées. Mais Oz est aussi une réflexion sur l'homme, brillante : car l'état d'une prison et le traitement des prisonniers reflète bien l'état d'une société et de la place qu'y tient l'homme...
              Quant au générique ? Il correspond exactement à ce qu'est la série : une suite de scènes dans différents lieux d'Emerald City où les hommes sont aux prises les uns avec les autres, manipulés et manipulateurs. Des percussions décousues, chaotiques, cette lutte de chaque instant pendant que la lente et longue basse du saxophone (baryton, basse ?) comme la routine carcérale quotidienne hachée par les appels stridents du saxophone soprano, les horaires et tâches à respecter et par les meurtres. La phrase musicale, l'harmonie n'existe pas : les cris, les coups, c'est tout. Dans le générique, les scènes de violence à Em City se superposent à une scène de tatouage. Un homme (Tom Fontana en réalité) se fait tatouer "Oz" sur le bras. Douleur et fierté qui se mêlent, dans la série comme dans la réalité, qui poussent à agir bien plus que tout autre principe, toute religion, toute morale. Comme Tom Fontana, comme les prisonniers d'Em City, le spectateur ressort d'Oz marqué.

Note : quel n'a pas été mon étonnement et ma joie de découvrir ICI une étonnante analyse structuraliste du le générique de Oz.

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Commentaires
N
Excellente série, vraiment. Comme tu le dis, le générique est très bon, tant musicalement qu'au niveau de la réalisation. Pour en revenir à la série proprement dire, elle est d'une qualité exceptionnelle. Les acteurs sont tous très bons, d'Adebisi à Saïd en passant par les Schibetta, Hill ou encore O'Reilly. Même Luke Perry, qui a joué dans Beverly Hills (!), est très crédible en Révérend Cloutier. Uns des grandes originalités de la série repose sur le fait qu'il n'y ait pas vraiment de personnage principal. Il y en a en réalité une quinzaine, plus ceux qui apparaissent au cours de la série. Les différentes intrigues sont très rythmées et bien développées. Il y a beaucoup de passages inoubliables dans la série, concernant Saïd, Beecher, ou par exemple Basil, le flic infiltré qui veut se mêler aux traficants. Un des fils rouges de la série est la relation entre Beecher et Schillinger, le nazi. Un autre intérêt de la série, c'est que les situations ne sont pas linéaires: Saïd, par exemple, connaît la gloire, puis le mépris avant de revenir à la tête du clan. Bref, tout est très bien rythmée, et chacune des saisons est d'une très bonne qualité, excepaté, pour chipoter, la dernière, qui m'a semblé plus inégale. Bref, ce commentaire un peu déstructuré pour dire que cette série est tout simplement extraordinaire!
D
(hier soir, on est tombés sur un épisode en v.o, on est restés scotchés jusqu'au bout... vive le zapping!)
C
@ Manu : possible ! Et c'est une série où il ne se passe "rien", simplement comment une société se recrée malgré les barreaux. C'est sûr que ce n'est pas le genre de choses qui détend, même pas un tout petit peu, hihihi !
C
@ Madame Kévin : mais non ! Je trouve ça aussi très bien de ne pas connaître tout ça : c'est chronophage et certaines séries sont même du temps perdu, purement et simplement. Avec les commentaires, tu sauras lesquelles valent vraiment la peine !
C
@ Miss400 : je peux chanter aussi !!! Elevée avec "Le Magicien d'Oz", je peux même te faire les dialogues avant et après, héhéhé...
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